Surprise...

Les fantômes peinent à énoncer la vérité en parlant, le savais tu ? Aussi cocasse que cela puisse paraître, quand révélation il doit avoir, c'est en chantant qu'ils déroulent les faits. Ne te méprends pas, ça ne ressemble pas à un opéra. C'est un peu plus... étrange, davantage glacial, avec ce petit quelque chose d'humour noir si propre à leur univers. La manière dont leurs sourires édentés étirant leurs joues pâles et transparentes, l'art qu'ils ont à se serrer les uns contre les autres pour tourmenter les âmes faibles. Les entends tu, Veragan, ces laments faussement mélodieux ? La prochaine fois que tu te prélasses dans la nuit, à observer les teintes noirâtres que prends le sang sous la lumière de la lune, écoute le chant des morts. Tends l'oreille, et tu entendras ces mots plus distinctement que quiconque, car ils sont tes frères et tes amis :

" Elle t'offrirai son âme, la sotte
Comme le bon samaritain
Qui tends la main au pêcheur
Sans peur que le filou ne lui tranche les doigts.
Elle ferai éclater ses yeux
Du bout de ses ongles carmins
Juste pour t'entendre rire,
Pour savoir que cela t'amuse
Tout cela parce qu'elle t'aime,
Parce qu'elle t'aime,
Parce qu'elle t'aime...
Parce qu'elle t'aime bien."

Ne t'attends pas à ce qu'ils te chantent comme Marilyn, hein, bien que ce soit ton anniversaire!

Fête bien, sale Catin de mon cœur, je pense fort à toi en ce jour sacré, qu'il t'apporte plein de bonnes surprises, de voyages et de rires! Profite en à fond!

Je pense à toi.

Lou'.

Merci ma gourgandine du Tartare, toi et tes yeux qui scrutent les noirceurs, toi et tes paupières qui effeuillent les chairs, toi et tes iris maléfiques, qui luisent comme des pépites remontées de profondeurs magmatiques après s'être forgé un éclat à la lumière des peurs primitives, qui restent terrées et silencieuses dans le coeur des hommes. Merci à toi et tes lèvres rubicondes, perverses cerises trompeuses, qui croquent au lieu d'être croquées et ensorcellent sans crier gare, ne criant qu'art. Merci à toi et tes mains filandreuses, blanches araignées baguenaudant le long de dentelles ployant lascivement, lourdes d'indécence. Tu es la petite étoile du vaste chaos, celle qui concentre les attentions sur elle car elle sait briller et resplendir là où règne la cendre et une effrayante pesanteur. Parce qu'elle semble heureuse, radieuse, perchée au dessus de ruines fumantes, de montagnes forgées à l'ère de la Titanomachie, dont les reliefs sont de chairs viciées, fossilisées, dont les cirques sont des mâchoires démantibulées, dont les lacs sont des acides lacrymaux, dont les sentiers sont fait d'artères noires, exsangues.

Moi aussi, je pense à toi, ma petite Nébuleuse